Loi bioéthique 2020 : plaidoyer public du Collectif HOMODONNEUR

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Mesdames et Messieurs les Parlementaires des deux chambres,

Dans le cadre de la révision de la loi bioéthique, l’Assemblée Nationale sera prochainement amenée à se prononcer sur l’article 7 bis, à la suite de l’amendement du Député Saulignac adopté en Commission le premier juillet dernier.

C’est la raison pour laquelle nous effectuons cet acte de lobbying public au travers de l’envoi de ce document qui présente les éléments, certes succincts, mais à même de vous aider à appréhender la globalité de cette problématique.

  • Les vérités publiées par les opposants au don du sang pour tous I) :
  • 1) L’exclusion des HSH n’est pas une discrimination ; en effet le don du sang n’est pas un droit (avis de la HALDE du 2002), par conséquent exclure une population du don est légitime en droit, dès lors que la mesure d’exclusion est à même d’augmenter la sécurité sanitaire (et c’est le seul débat légitime qui devrait opposer les uns aux autres !).
  • 2) L’exclusion des HSH n’est pas l’expression d’une homophobie d’Etat ;  jusqu’en juin 1983 les HSH pouvaient donner leur sang (alors qu’en ce temps-là l’existence même de l’amour homo/bi sexuel n’était pas reconnu par la société), et leur exclusion, justifiée par l’absence de tests, de recul épidémiologique et la forte prévalence de signes cliniques du SIDA dans cette population-là, était légitime au regard de la pandémie naissante du VIH.
  • 3) La population des HSH présente une prévalence et une incidence au VIH bien plus élevée que la population non-HSH ; c’est un fait scientifiquement établi par Santé Publique France (SPF) que nul ne conteste.
  • 4) La fenêtre sérologique du VIH lors du dépistage utilisé en transfusion sanguine est de 9 jours (source : ANSM), c’est-à-dire qu’une contamination d’un donneur qui serait survenue dans les neuf jours (ou moins) précédent le don serait indétectable mais potentiellement contaminante pour le receveur.
  • 5) L’abstinence sexuelle prévient incontestablement du risque de contamination d’IST.
  • Les vérités complémentaires II):
  • 1) Le don du sang ne s’effectue pas par prélèvement aléatoire d’une population, mais sur la base du volontariat des individus, donc une première sélection s’effectue au travers de la responsabilité du donneur qui s’abstiendra de donner s’il pense avoir pris un risque.
  • 2) Le don du sang n’est autorisé qu’après la sélection du donneur au cours de l’entretien médical pré-don, couvert par le secret médical, ce qui représente un niveau de sécurité fondamentale et complémentaire tant du volontariat des donneurs que du dépistage des agents pathogènes connus.
  • 3) Les chiffres présentés par SPF en I)3), vrais, authentiques et incontestables, concernent une population donnée : les HSH. En aucun cas on ne peut légitimement extrapoler ces chiffres sur la population des donneurs HSH.
  • 4) Le CCNE, dans son avis 123 du 28 mars 2015 (page 12), démontre par ailleurs que l’épidémiologie de la population des donneurs hétérosexuels (incidence VIH) est bien meilleure que celle des hétérosexuels, grâce à la combinaison de II)1) et II)2).
  • 5) S’il existe des HSH en couple dit « libre », il existe des couples HSH réellement monogames.
  • 6) L’Italie, par décret-loi du 26 janvier 2001, prélève le sang de ses hommes gays ou bis en couple monogame : aucune contamination n’a été constatée en dix-neuf années (Source : Professeur Benoit Vallet, alors DGS)
  • 7) L’abstinence sexuelle, incompatible avec le concept de conjugalité, entraine un contournement de l’actuelle mesure. En mentant, le donneur ne permet pas au personnel médical d’évaluer le risque réel lors de l’entretien pré-don. La mauvaise évaluation augmente le risque de contamination pour le receveur. L’abstinence sexuelle augmente donc, de façon contre-productive, le risque de contamination par transfusion.

Suivant la synthèse que vous effectuerez de l’ensemble des vérités rappelées ci-dessus et du complément d’informations que vous rechercherez, vous parviendrez à mieux vous positionner sur cette thématique.

Dans notre argumentaire en ligne, d’une trentaine de pages environ, vous trouverez davantage d’éléments : http://www.homodonneur.org/documents/argumentaire

NB : publié en 2019, ce dernier fait mention d’une abstinence sexuelle de 12 mois, qui est passée à 4 mois depuis le 2 avril dernier ; cette modification n’entraine en rien la pertinence de nos arguments.

 

  • Le dépassement de l’antagonisme législatif/règlementaire de ce dossier III):

Les critères de sélection des donneurs sont régis par l’arrêté ministériel du 17 décembre 2019, modifiant l’arrêté ministériel du 5 avril 2016, lui-même modifiant l’arrêté ministériel du 12 janvier 2009 qui reprenait lui-même pour partie la circulaire du 20 juin 1983.

A chaque modification de la règlementation, nous avons assisté à un maintien de la mesure d’exclusion puisque, d’une exclusion définitive pour tout rapport sexuel entre hommes en 2009, nous sommes passés à une exclusion temporaire d’un an après tout rapport en 2016, et enfin à une exclusion de quatre mois après tout rapport homosexuel.

S’il est fondé juridiquement que c’est bel et bien au domaine règlementaire qu’il appartient de modifier les critères de sélection des donneurs, pour des raisons évidentes de réactivité vis-à-vis des risques émergents notamment, force est de constater que les Gouvernements qui se succèdent ne semblent que peu enclin à écouter la volonté de la représentation nationale.

Après avoir écrit dans le marbre de la loi que « nul ne peut être exclu en raison de son orientation sexuelle », le Parlement s’est trouvé en face d’un Gouvernement qui a joué sur les mots, et maintenu l’exclusion « en raison des pratiques (homo)sexuelles » qui serait, selon lui et par essence, plus à risque.

La formulation de l’article 7 bis présente l’avantage de la clarté et évite, en principe, au Gouvernement actuel de réaliser le contraire de ses affirmations publiques.

En fixant comme principe législatif que « les critères de sélection du donneur ne peuvent être fondées sur le sexe du ou des partenaires avec lequel il aurait entretenu des relations sexuelles », vous mettrez une pression politique claire, ferme et irréversible vis-à-vis des opposants au don du sang pour tous.

 

 

Le Collectif HOMODONNEUR, en conclusion du présent plaidoyer, invite chacun des Parlementaires à s’engager davantage dans la réflexion relative aux critères de sélection des donneurs de sang et dans la stratégie d’ensemble à élaborer pour atteindre une sécurité sanitaire optimale.

Quel que soit le résultat du scrutin concernant l’article 7 bis, sans la nécessaire traduction règlementaire par modification de l’arrêté ministériel du 17 décembre 2019, le maintien de l’exclusion par le maintien de l’abstinence sexuelle sera la règle.

Ainsi, nous lançons un appel aux Parlementaires qui voudront notre réelle réintégration de participer au comité de suivi prévu par l’annexe VIII de l’arrêté ministériel du 17 décembre 2019.

https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000039667225&categorieLien=id

Votre contrôle gouvernemental exercé de façon intransigeante permettra de mettre un terme définitif aux manœuvres de l’administration sanitaire effectuées en vue d’imposer leur politique contre celle, légitime, du Parlement.

Texte Pride du 8 juin 2019

Écrit par HOMODONNEUR le . Publié dans Textes divers

Chaque pas compte !

 

Ouvrons ensemble le dernier bourgeon de l’avenir.

Paul Éluard, La victoire de Guernica, 1938

 

Marcher, c’est naturellement la meilleure façon d’aller à la rencontre de l’Autre dans toutes ses différences, dans toutes ses particularités ; dans le plus grand des respects.

Marcher, c’est évidemment la meilleure façon de porter nos revendications avec la force de nos rêves, avec la puissance de nos convictions ; dans la pleine confiance d’un futur qu’il nous reste à écrire.

Mais marcher, c’est aussi et avant tout s’inscrire dans la perpétuation d’une longue tradition humaine.

Depuis qu’elle s’est redressée – depuis qu’elle est bipède, l’Humanité n’a de cesse d’explorer de nouveaux horizons, de repousser les frontières et de dépasser ses limites.

Sans cesse, elle fait reculer l’ignorance, l’obscurantisme et les régressions.

Elle est la promesse jamais atteinte et toujours vivace que le plus beau reste à venir.

Oui, l’Humanité est en marche, fière, généreuse et chaque pas compte !

Non seulement et à chacun de ses pas elle laisse une empreinte durable de ses avancées, qui plus est, elle nous indique le chemin avec une foi inébranlable.

Alors, que ce soit hier à Stonewall, aujourd’hui au Capitole et demain partout ailleurs à la surface du Globe, nous avons le devoir – oui le devoir ! de nous battre encore et toujours pour faire de la liberté sexuelle un art de vivre universellement répandu.

Veux-tu vraiment faire de cet idéal une réalité ?

Veux-tu vraiment t’engager auprès des associations qui militent dans ce sens ?

Veux-tu vraiment marcher avec nous ?

Bienvenue à cette 25ième marche des fiertés !!!

Voeux 2019

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En cette dixième année d'existence militante, le Collectif HOMODONNEUR souhaite avant toute chose adresser ses voeux les plus chaleureux aux personnes qui vont recevoir des produits sanguins ; qu'elles reçoivent en quantité, en qualité et surtout en générosité, altruisme et responsabilité ce dont elles auront le plus besoin : de l'amour inconditionnel !

Au reste du monde, nous souhaitons en prime la force de dépasser leurs malheurs pour pouvoir aller à la rencontre de l'Autre, et partager ainsi cette joie de vivre qui nous est si chère.

Ayez toutes et tous cette pleine conscience que le plus beau reste à venir.

 

Texte Pride du 9 juin 2018

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Fiers d’être généreux !

 

Toutes les revendications portées par le milieu LGBTQI ont pour particularité d’avoir en commun l’aspiration légitime à la stricte égalité en droit.

Toutes ? Non, pas vraiment : il en existe bel et bien une qui ne relève pas de cette approche bien qu’elle concerne, pour partie, la population précédemment évoquée, car le don du sang n’est pas un droit pour quiconque.

Le devoir des autorités sanitaires est de sélectionner les donneurs, et sont donc légitimes à exclure du don certaines catégories de la population sous réserve de démontrer que le prélèvement de sang présente un risque pour le receveur. Ce qui n’est pas le cas dans le sujet traité.

L’exigence d’une réintégration aux mêmes conditions que les autres donneurs dans le circuit transfusionnel des hommes ayant eu ou ayant des relations sexuelles entre hommes est ainsi l’expression la plus claire, la plus vive, de ce qu’il convient de nommer ici un acte d’humanisme appliqué.

Car vouloir se définir exclusivement par ce que nous sommes, c’est-à-dire l’appartenance à une communauté, serait oublier l’essentiel : l’Autre.

Ce qu’il y a dans nos veines, c’est avant toute chose notre appartenance à la communauté humaine au travers du don, acte fondateur de toute société selon l’anthropologue Marcel Mauss.

S’il y a bien une chose qui nous déshumanise, de fait, c’est l’interdiction de pouvoir donner notre sang et il n’y a rien de mieux pour opposer les uns aux autres qu’une réglementation devenue obsolète.

Mais les opposants au don du sang pour tous n’y pourront rien : si, jusqu’à présent, nous avons eu l’immense privilège d’avoir été insultés par dons refusés, demain, nous aurons cette joie suprême de pouvoir enfin les retrouver par dons acceptés.

 

« La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au présent » Albert Camus, L’homme révolté.

Compte rendu de l'entretien du 01/09 avec Mr Nicolas Labrune conseiller d'Agnès Buzyn

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Remarques préliminaires :

À sa demande d’audience auprès de la nouvelle ministre de la santé à l’issue de la première édition de la marche des donneurs, le collectif HOMODONNEUR a été reçu par Monsieur Nicolas Labrune, conseiller polyvalent de Madame Agnès Buzyn, spécialisé dans les questions transfusionnelles.

Le présent compte-rendu n’est pas le résultat d’une prise de note minutieuse mais d’une retranscription dans les grandes lignes des éléments que nous avons exposés, et non de la retranscription des échanges verbaux.

Ce document reste donc un acte de communication de la part du collectif HOMODONNEUR, subjectif et engagé.

Si nous sommes représentants des 25 000 donneurs homosexuels et bisexuels masculins, en aucun cas nous ne prétendons à l’exclusivité de cette représentativité et nous admettons par avance que nos analyses et notre stratégie peuvent ne pas être partagées par toutes les personnes représentées.

 

Retranscription :

Nous avons tout d’abord remercié Madame la Ministre de nous avoir reçu par l’intermédiaire de son conseiller en charge des questions transfusionnelles ; sa maîtrise du dossier dans son ensemble, la chaleur de son accueil et la qualité de son écoute ont permis un échange constructif.

Nous avons tenu également à souligner que la formation d’hématologue d’Agnès Buzyn peut être interprété de deux manières : soit qu’elle analysera la problématique de façon rationnelle, soit que la connaissance des obstacles liés à ce sujet l’encouragera à faire comme ses prédécesseurs ; et nous avons précisé que nous ne lui faisions aucun procès d’intention dans la double mesure où elle venait d’être nommée récemment et qu’elle n’était pas responsable de l’actuelle situation.

Nous attendons par conséquent qu’elle se prononce dans les semaines suivantes sur le dossier du don du sang pour tous, en fonction notamment des analyses et propositions décrites ci-après.

Nous avons rappelé avant de commencer notre argumentaire et nos propositions que notre demande de réintégration aux mêmes conditions ne s’inscrivait pas dans une approche égalitariste mais dans une approche altruiste ; nous ne considérons pas le don du sang comme un droit, ce qu’avait démontré en son temps la HALDE, nous ne considérons pas que le terme de discrimination soit justifié encore moins celui d’homophobie pour expliquer notre exclusion : il s’agit pour nous des conséquences de l’affaire du sang contaminé qui ont littéralement vitrifiées toute évolution de la réglementation malgré l’évolution des techniques transfusionnelles, des connaissances épidémiologiques et des tests employés.

Si nous voulons donner notre sang, c’est parce que tout d’abord nous voulons sauver des vies, convaincus par ailleurs que notre réintégration améliorera significativement la sécurité sanitaire en permettant la nécessaire sélection des donneurs de sang homosexuels et bisexuels.

Prélever le sang des homosexuels et bisexuels est dangereux, alors que prélever le sang des donneurs homosexuels et donneurs bisexuels est sécure.

Nous sommes d’accord avec le principe de sélection des donneurs, en désaccord avec l’un des critères de sélection.

Nous sommes ensuite rentrés dans le vif du sujet et en présentant les deux « voies » possibles qui mènent au don du sang pour tous : celle actuellement étudiée en France et qui consisterait à nous réintégrer en contrepartie d’une abstinence sexuelle, et que nous décrivons comme une impasse car maintenant de facto une exclusion déguisée sous l’apparence d’une évolution, et la voie du plasma sécurisé par quarantaine pour les gays et les bis, qui constitue pour nous une étape dans le chemin qui mène au don du sang pour tous.

Nous ne détaillerons pas ici tous les arguments déployés lors de l’audience contre cette impasse, en revanche nous avons fermement rappelé notre opposition au principe même d’abstinence sexuelle, quelle qu’en soit sa durée par ailleurs, car en contradiction avec la réalité d’une vie conjugale épanouie et surtout parce qu’elle augmente le risque de mensonge du donneur.

La relation de confiance entre le candidat au don et le médecin de collecte est primordial. Toute rupture de cette confiance est une brèche dans laquelle s’engouffre tout type de risques, y compris ceux de contamination d’agents pathogènes dont le VIH.

Et c’est à la fois parce que les autorités sanitaires édictent des critères irréalistes et parce que des donneurs contournent les mesures que les risques s’accroissent : la responsabilité est partagée par les deux parties, et les receveurs en pâtissent.

Nous avons ainsi lourdement insisté sur le caractère particulièrement intéressant sur le plan de la sécurité du don de plasma sécurisé par quarantaine qui permet de prélever en condition réelle des donneurs qui ne le pouvait pas auparavant, sans abstinence sexuelle demandé, avec la même exigence que pour les autres donneurs d’être monogame depuis au moins 4 mois.

C’est pourquoi, et c’est le sens même de cette première marche des donneurs, nous demandons à la nouvelle responsable politique de ce sujet qu’une vraie politique de recrutement et de fidélisation soit effectuée à l’endroit de cette nouvelle population de donneurs.

Nous avons expliqué que pour obtenir un nombre suffisant de donneurs gays et bis et plasma en vue d’une étude épidémiologique fiable, il fallait une réelle volonté politique, une extraordinaire pression sur les services sous la tutelle de l’État, en particulier l’EFS, afin qu’ils communiquent de façon régulière et sincère sur le sujet.

A contrario, l’absence de politique de recrutement et de fidélisation des donneurs en plasma sécurisé par quarantaine signifierait pour nous la volonté manifeste de la part des autorités sanitaires de ne vouloir étudier que la piste de l’abstinence sexuelle.

Et amènerait de notre par une réponse appropriée.

Nous avons évidemment rappelé au cours de l’échange que de nombreux pays pratiquaient le don du sang pour tous, notamment l’Italie depuis le 26 janvier 2001, et qu’aucune contamination n’avait été observé depuis, selon le Pr Benoit Vallet, Directeur Général de la Santé.

L’entretien s’est conclu par la remise de l’un de nos documents de promotion du don de plasma afin qu’il soit remis en mains propres à Madame Agnès Buzyn, qu’elle puisse mesurer à quel point nous sommes déterminés et engagés à la soutenir sincèrement si elle devrait prendre le bon chemin, celui qui mène réellement au don du sang pour tous.