XIIème Assemblée Générale du collectif HOMODONNEUR
Positionnement officiel sur les propositions de révision des critères de sélection des donneurs de sang HSH*
- propositions de la Direction Générale de la Santé (DGS) du 17 juillet 2015 -
Préambule :
Avant de présenter les résultats de nos différents votes et commentaires, il convient de préciser les éléments qui suivent pour s’assurer d’une compréhension mutuelle optimale.
Le collectif HOMODONNEUR s’inscrit pleinement dans l’esprit de la loi fondatrice du 21 juillet 1952, par la revendication et la défense des principes éthiques fondamentaux de notre système transfusionnel que sont Bénévolat Volontariat Anonymat Absence de profits.
Le collectif HOMODONNEUR, en tant que collectif de donneurs de sang, comprend parfaitement la sélection des donneurs de sang et l’exclusion de toute personne ou de tout groupe de personne, dès lors qu’une démonstration rigoureuse et scientifique le justifie sur le plan de la sécurité sanitaire.
Le collectif HOMODONNEUR, respectueux des personnes fermement opposées au don du sang pour tous et de leurs craintes, plaide en faveur d’une réintégration partielle et temporaire au don de plasma sécurisé uniquement en vue de collecter les données épidémiologiques nécessaires.
Le collectif HOMODONNEUR ira aux termes des négociations en cours et participera à toutes autres réunions consacrées tant aux autres critères de sélection des donneurs qu’à toute autre thématique transfusionnelle.
*Hommes ayant eu ou ayant des relations Sexuelles avec d’autres Hommes
I)Votes commentés sur les cinq options de la DGS
1)Ajournement de 12 mois
La XIIème Assemblée Générale du collectif HOMODONNEUR, statutairement opposé à toute mesure d’abstinence sexuelle de quelque durée que ce soit, rejette en bloc cette insultante et rétrograde proposition. C’est la rupture de confiance réciproque entre le candidat au don et le médecin de collecte qui porte préjudice à la sincérité des réponses et, par là même, à la sécurité transfusionnelle.
Nous refusons par conséquent que cette proposition soit étudiée, et nous dénonçons une fois de plus le risque inacceptable de prélever des HSH qui jadis mentaient sur leurs pratiques homosexuelles et qui demain mentiraient sur leur soi-disant abstinence sexuelle.
N’en déplaise aux experts de l’Institut National de Veille Sanitaire arguant d’une compliance majorée vis-à-vis de l’exclusion définitive, cette dernière restera largement inférieure par rapport à celle obtenue avec une réintégration aux mêmes conditions.
Enfin, nous demandons un assouplissement des critères actuels de sélection des donneurs parce que le contexte le permet désormais ; en aucun cas nous ne souhaitons un durcissement des critères pour les non-HSH, sauf à prouver que les dispositions actuelles seraient peu efficaces…
2)Ajournement de 4 mois
La XIIème Assemblée Générale du collectif HOMODONNEUR, comme décrit dans les commentaires relatifs à l’ajournement de 12 mois, s’oppose également à cette mesure irrationnelle, que la durée soit de 4 mois, ou ramenée à celle de l’actuelle fenêtre sérologique du VIH.
Penser l’abstinence, c’est persister dans la représentation stéréotypée d’une hypersexualité irresponsable des HSH.
Cette proposition de réduire la durée d’abstinence sexuelle démontre néanmoins que l’on peut rouvrir le don du sang aux HSH en se passant d’études épidémiologiques. Encore quelques années, et l’idée d’une réintégration aux mêmes conditions comme facteur d’augmentation de la sécurité transfusionnelle sera démontrée rei et intellectus.
3)Plasma sécurisé
La XIIème Assemblée Générale du collectif HOMODONNEUR approuve ce compromis dans la mesure où il rassure unanimement en prélevant des HSH sans prendre le moindre risque vis-à-vis des agents pathogènes connus. De plus l’établissement de données épidémiologiques françaises après une étude comprise entre deux et trois ans, permettra de déterminer s’il y a lieu d’ouvrir ou de ne pas ouvrir au don de sang les HSH aux mêmes conditions que les autres donneurs.
Le prélèvement du plasma sécurisé des HSH est constitutif d’une volonté commune de sortir de l’actuelle et dangereuse situation.
Il va de soi que l’ensemble des parties prenantes volontaires doivent être intégrées dans le comité de suivi de cette étude épidémiologique aux fins d’effectuer un contrôle a priori des conditions de récoltes des données et de pouvoir interpréter collectivement ces résultats.
Nous mettons toutefois un bémol à la proposition formulée par la DGS : il ne serait question d’ouvrir le don de plasma qu’à raison de 3 dons par an. En quoi les HSH non multipartenaires, et plus particulièrement ceux vivant en couple, ne pourraient-ils pas effectuer leurs dons à la même fréquence que les autres donneurs ?
4)Combinaison des options 2) et 3)
La XIIème Assemblée Générale du collectif HOMODONNEUR rappelle, comme évoqué dans le présent préambule et davantage explicité dans ce paragraphe, que nous ne militons pas pour l’ouverture du don du sang aux HSH pour lutter contre une discrimination ou une homophobie qui frapperait une partie de la population, mais pour permettre aux individus de ladite population de pouvoir donner.
C’est pourquoi toutes ces intentions au travers des différents scenarii de réduire le sentiment de discrimination ne répondent ni à la question qui nous paraît fondamentale : sélectionner efficacement les donneurs en fonction uniquement des connaissances relatives aux transmissions par voie sanguine des agents pathogènes et l’existence des moyens fiables de les détecter, ni n’atteignent l’objectif recherché.
Et lorsque la recherche de cet objectif sans intérêt à nos yeux et sans aucune chance d’être atteint avec un tel état d’esprit aboutit à un mesclun accolant à la mesure progressiste du plasma sécurisé l’insultante, la méprisante et condescendante ceinture de chasteté, il ne faut pas être étonné dès lors que la XIIème Assemblée Générale du collectif HOMODONNEUR rejette sans appel cette option.
5)Combinaison des options 1) et 3)
La XIIème Assemblée Générale du collectif HOMODONNEUR n’a rien d’autre à rajouter pour l’étude de l’option 5) par rapport à ses commentaires visant l’option 4) si ce n’est qu’elle résiste sereinement à ce qui lui sera inévitablement présenté comme étant le seul compromis « acceptable », c’est-à-dire que « nous ne pourrions pas refuser ».
La XIIème Assemblée Générale du collectif HOMODONNEUR rappelle sa divergence entre l’estimation surélevée (fournie par la DGS) du nombre de donneurs HSH susceptibles de pouvoir donner après un an d’abstinence sexuelle et notre propre estimation.
Le collectif HOMODONNEUR interroge donc publiquement les autorités sanitaires, premièrement sur le nombre total de donneurs HSH en âge de donner ; deuxièmement sur le nombre de donneurs HSH qui n’ont pas connu d’abstinence sexuelle durant l’année écoulée.
II)Responsabilisation du donneur de sang
La XIIème Assemblée Générale du collectif HOMODONNEUR se saisit de cette question, abordée lors des rencontres à la DGS dès le 26 mai 2015, même si nous ne sommes pas officiellement consultés.
Son positionnement est très clair : nous soutiendrons par principe toute mesure qui tendra à renforcer la prise de conscience de chaque donneur de sang sur l’importance de son geste, et rappelons que toute omission volontaire ou involontaire, pouvant lui apparaître comme totalement anodine ou secondaire, peut avoir des conséquences particulièrement graves.
Tout donneur se doit de répondre avec sincérité aux questions posées lors de l’entretien médical et ne doit pas chercher à se soustraire à toute exclusion, temporaire ou définitive, qu’il la juge fondée ou absurde.
Ce n’est qu’en tant que citoyen, que militant, qu’il dispose de la légitimité de contester une mesure de sélection ; pas en tant que donneur.
Nous y œuvrons en prônant une obéissance civile, forme non dépourvue d’humour et portant au plus niveau notre sens des responsabilités et notre volonté de renforcer la confiance réciproque entre le médecin et le donneur.
En revanche au nom de l’irréfragable sécurité, cette responsabilisation ne doit en aucun cas devenir une pénalisation généralisée des donneurs : ceci aurait pour conséquence directe de faire fuir des collectes de sang des centaines de milliers de « présumés suspects », et briser ainsi notre éthique.
L’arsenal juridique de notre pays est suffisamment doté de moyens pour neutraliser toute personne qui, après enquête, aurait contaminé dans l’intention de le faire.
Pour conclure, nous rappelons que le droit pénal est ainsi fait : il ne condamne qu’a posteriori, jamais a priori.