Premier anniversaire de l'arrêté ministériel : lettre au Comité Consultatif National d'Ethique

Écrit par HOMODONNEUR le . Publié dans Communiqués de presse

Collectif HOMODONNEUR

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06 44 90 31 75

                                                                       Monsieur le Président

                                                                       CCNE
                                                                       35 rue Saint-Dominique
                                                                       75700 PARIS

                                                                       Toulouse, le 31 mars 2017

Objet : l’inhumaine expérience

Monsieur le Président,

Le 31 mars 2015, vous rendiez l’avis 123 relatif à l’exclusion permanente à toute forme de don de sang des hommes ayant eu ou ayant des relations sexuelles avec d’autres hommes ; un avis interprété hâtivement par certains esprits comme étant la justification du maintien de la mesure d’éviction permanente, erreur d’interprétation largement relayée par la plupart des media.

Notre collectif avait accueilli ce rapport comme étant le fruit d’un long travail d’étude, à charge et à décharge, permettant à tous ses lecteurs de s’enquérir des tenants et des aboutissants de ce dossier, et comme un appel à la réflexion sur tout type d’expérience à même de faire progresser la sécurité sanitaire.

Pour avoir participé aux négociations ministérielles sur l’évolution des critères de sélection de cette population de donneurs, vous savez que l’arrêté ministériel du 5 avril 2016 ouvre désormais le don de sang total, moyennent l’observation d’une absence totale de rapports sexuels pendant une période de douze mois précédent le don.

En tant que membre du comité de suivi épidémiologique prévu par les dispositions de l’annexe VIII de l’arrêté ministériel précédemment évoqué, nous vous demandons votre avis sur ce que nous considérons comme étant une inhumaine expérience.

En effet, comment les autorités sanitaires impliquées peuvent-elles prétendre vouloir étudier les effets sur la sécurité transfusionnelle d’une mesure imposant, de fait, une abstinence sexuelle d’un an, alors que les données concernant la sexualité des Français démontrent, qu’en moyenne, nos concitoyens observent deux rapports sexuels par semaine ?

Par ailleurs, l’absurdité et l’hypocrisie de cette mesure, alliées au refus des personnes concernées de s’y soumettre, ne peut qu’engendrer des dons de sang réalisés, pour certaines personnes, sans que la sincérité relative à la vie intime ne soit dévoilée lors de l’anamnèse.

Le risque de contamination s’en trouve, de facto, majoré.

Selon nous, cette inhumaine expérience n’est pas seulement une insulte à l’égard des personnes concernées et envers la méthodologie requise pour une étude scientifique digne de ce nom. Elle est la marque, au mieux, d’une volonté politique de ne pas faire évoluer les critères de sélection en dehors de toute autre considération d’abstinence sexuelle, et au pire, l’espoir secret qu’une contamination survienne pour tenter d’enterrer toute revendication de réintégration aux mêmes conditions que les autres donneurs.

Vous restez naturellement libre de donner suite à ce courrier, et de vous saisir du problème éthique que nous pensons avoir soulevé.

C’est avec le plus grand respect que nous rendrons publique cette missive le 5 avril 2017.

C’est avec la plus parfaite considération que nous rendrons publics vos éventuels retours.

Veuillez agréer, Monsieur le Président, notre plus grande estime.

                                                                              Pour le Collectif HOMODONNEUR,

                                                                              Frédéric Pecharman