Ad astra per aspera
C’est un fait dont la véracité ne pourra échapper qu’autres êtres à la malhonnêteté intellectuelle remarquable et à la mauvaise foi établie depuis longtemps – les opposants historiques au don du sang communautaire – mais la mise en place d’un plan de réintégration définitive des donneurs de sang homosexuels et bisexuels par nos soins dès le 16 mars 2022 était la chose la plus sage, la plus pertinente et, à vrai dire, la seule chose qui devait être accompli pour éviter toute régression quant au progrès transfusionnel réalisé.
Et si nous savions que nous aurions à lutter, pour commencer, contre le questionnement des uns et des autres sur la raison d’être de notre existence post réintégration officielle, nous étions vraiment loin de nous douter que nous subirions des assauts aussi violents que sournois de toutes parts.
Nous avons, pour ainsi dire, crû naïvement que notre réintégration définitive allait passer par un accompagnement de la mesure officielle, par dépassement des conflits antérieurs avec l’EFS pour ne citer que cette institution, et que notre chemin serait comparativement parlant beaucoup moins ardu que celui qui nous a mené au jour de nos premiers dons.
Si 2022 nous avait enseigné en fait que l’établissement public en charge de la collecte, de la qualification biologique et de la délivrance des produits sanguins se refuserait à toute forme d’appel au don en direction des 25 000 donneurs de sang que nous sommes ; 2023 nous a honoré d’une seconde attaque judiciaire des plus vicieuses…
Jugez-plutôt : ayant été humilié par une procédure scélérate en référé en 2021, la présidence de l’EFS s’est lancée dès lors dans une tentative désespérée de criminalisation à l’endroit d’un des responsables de notre Collectif en portant plainte pour vol ; pour un objet goutte d’une valeur faciale insignifiante qui a néanmoins valu une garde à vue de 27 heures à notre Coordinateur, soldée par un classement sans suite, et en prime une seconde ridiculisation médiatique à l’issue d’une perquisition refusée par les forces de l’ordre.
Les cons, ça ose tout. C’est d’ailleurs comme cela que l’on recrute les présidents de l’EFS.
Par ailleurs, et conjointement à cette agression, nous avions déjà constaté de la part de la municipalité toulousaine une certaine gêne aux entournures depuis que nous avions mis en service, en amont de la décision ministérielle favorable à nos vues, des opérations fort déplaisantes au partenaire institutionnel précédemment cité.
Mais cette gêne ne s’est pas contentée d’en rester au stade larvaire qu’elle n’aurait jamais dû quitter, elle s’est transformée en menaces à peine voilées d’arrêt de subventions de la part des services politico-administratifs de la mairie de Toulouse en menant, en parallèle, une offensive particulièrement violente de la frange d’extrême droite de l’actuelle majorité municipale de la ville rose contre une bienveillante lecture de contes pour enfants par des Drags Queens connues et appréciées de l’ensemble de la communauté LGBTQI.
Devoir accepter des subventions au rabais d’une collectivité qui insulte de la sorte la lutte contre toute forme de discrimination et qui, dans ses rêves inavouables, s’imagine chaperonner les associations militantes de sa délimitation territoriale, aurait été pour nous un renoncement à ce qui fait notre âme et notre raison d’être.
Et c’est ainsi qu’avec fierté – et panache même ! – que nous avons publiquement dénoncé le 17 mai les agissements inacceptables de l’homosexuel-homophobe qu’est Jean Luc Moudenc, allié objectif de l’EFS dans ses basses manœuvres, dont nous faisons confiance à nos lecteurs pour comprendre les vraies et profondes raisons de cette alliance.
Toutefois, l’année écoulée s’est quasiment achevée sur un moment surréaliste à l’occasion de la tenue du Comité de Suivi Epidémiologique du 5 décembre 2023, où certains acteurs ont littéralement fait comme si les arguments jadis en faveur de notre réintégration en faveur du don de plasma pour commencer, puis par ceux relatifs à notre réintégration au don de sang total étaient subitement devenus caduques, pour une raison qui nous échappera certainement pendant longtemps.
Comme si les procédures d’inactivation du plasma pour fractionnement n’étaient subitement plus efficaces pour justement inactiver les divers agents pathogènes que sont le VIH ou bien la syphilis, des imbéciles heureux qui pourtant s’enorgueillissent d’une Science arbitrant la Politique, ont tranquillement décrété qu’il ne fallait pas différencier les différentes formes de dons…
Comme si l’important n’était pas de limiter au minimum le nombre de contaminations réelles pour les divers agents pathogènes, les mêmes personnes particulièrement heureuses défendent étrangement le fait de ne pas établir la fréquence des contaminations passées, pour se focaliser sur le frisson délicieusement inquiétant du calcul d’un risque résiduel hypothétique, au rapport plus qu’approximatif avec la réalité des contaminations observées.
Comme si, en France ou ailleurs dans le monde où les gays et les bis sauvent des vies en donnant leur sang, nous n’avons toujours pas été informé de la moindre contamination imputable à ces donneurs que certains veulent vraiment faire correspondre à leurs stéréotypes, les homophobes et certains dirigeants médicaux et scientifiques s’accrochent désespérément à une morale provisoire qui n’aurait pour autre ambition que de faire de notre réintégration une parenthèse à refermer au plus tôt…
Après avoir été le digne commando de la générosité qui a permis de renverser la situation de blocage transfusionnel, la mission qu’il nous reste à accomplir, nous, le Collectif HOMODONNEUR, si nous voulons vraiment que la réserve opérationnelle des 25 000 donneurs atteigne le col soi-disant infranchissable de la définitive réintégration, est de tout mettre en œuvre pour instaurer un nouveau rapport de force, non pas établi sur des moyens déjà effectué, mais en innovant sur des modalités toujours non violentes, conformes au droit et d’une insolence respectueuse dont nous seuls avons le secret.
L’élaboration de notre Projet X-46 entreprise au cours du dernier exercice nous amènera, soyez-en assurés et rassurés, ad astra per aspera.
Littéralement, vers les étoiles à travers les difficultés.